Avant-propos

Le Catalogue raisonné de l’oeuvre de Jean Paul Riopelle est l’aboutissement de 34 années de recherche et de prospection. L’absence totale d’archives antérieures à 1985 – l’artiste lui-même n’ayant tenu aucun inventaire de ses oeuvres avant cette date – a fait en sorte que nous avons dû remonter toutes les filières portées à sa connaissance et demander accès à des collections privées et publiques partout dans le monde.

Toute laborieuse qu’elle ait été, cette recherche est surtout empreinte de respect pour l’oeuvre de Jean Paul Riopelle, un véritable travail de détective mené avec ténacité pendant près de 34 ans. Elle permet aujourd’hui de vous présenter cinq compilations importantes des oeuvres de mon père, un artiste reconnu comme l’un des plus marquants du XXe siècle.

Plus qu’un catalogue raisonné, ces ouvrages sont aussi des livres d’art accompagnés de textes inédits qui apportent un changement de perspective sur la compréhension des oeuvres et un éclairage nouveau sur l’histoire proprement dite de chaque période.

Il est regrettable que certaines archives n’aient pas été mises à notre disposition. Cela aurait permis d’ajouter des informations pertinentes à ces ouvrages de référence, dont la réalisation s’imposait pour garantir l’authenticité de l’oeuvre de Jean Paul Riopelle.

Découpage des différents tomes
Tome 1: 1939-1953 (édité en 1999)
Tome 2: 1954-1959 (édité en 2004)
Tome 3: 1960-1965 (édité en 2009)
Tome 4: 1966-1971 (édité en 2014)
Tome 5: 1972-1979 (fin 2020)
Tome 6: 1980-1984
Tome 7: 1985-1989
Tome 8: 1990-1992
Catalogue raisonné des estampes (édité en 2005)

Section chronologique
Les tomes 1 à 8 présentent l’ensemble des techniques explorées par l’artiste, dont j’ai voulu rendre la lecture interactive. Pour chacun des tomes, la classification des oeuvres est présentée selon le plan suivant:

1) la chronologie des huiles sur toile;
2) la chronologie des oeuvres faisant appel à d’autres techniques que la peinture à l’huile;
3) la chronologie des sculptures et des laves émaillées.
Les oeuvres ont été inscrites au catalogue au fur et à mesure de leur redécouverte et classées, en règle générale, selon l’année de leur création. Le numéro d’inscription (correspondant au numéro sous lequel l’oeuvre est classée dans les archives de Jean Paul Riopelle telles que constituées) ne constitue pas une indication chronologique à l’intérieur d’une même année.
Tout le long de sa carrière, Jean Paul Riopelle a créé par séries, pendant des périodes précises de quelques semaines, voire de quelques mois. Chaque série chevauchait très souvent d’une année à une autre. Certaines oeuvres ont été signées et datées plusieurs années après leur création, par Riopelle lui-même ou par des tiers, ce qui peut porter à confusion dans certains cas.

Fiche technique des oeuvres
Pour chacune des oeuvres, la fiche technique comprend, s’il y a lieu, les éléments suivants:

Le numéro d’inscription
Pour les huiles, le numéro d’inscription est suivi de la lettre H et de l’année de réalisation, précédée éventuellement de la lettre V pour ” vers “.
Pour les oeuvres sur papier, le numéro d’inscription est suivi de la lettre P et de la date ou des dates de réalisation pour les estampes rehaussées, précédée de la lettre V pour ” vers ” dans certains cas.
Pour les sculptures et les laves, le numéro d’inscription est suivi des lettres SC ou L et, selon le cas, de la date de la création ou de la date de la fonte pour les bronzes.

Le titre ou les titres
Certaines oeuvres peuvent avoir été titrées plusieurs fois et cela, non seulement de façon anodine (voir les titres surréalistes). De plus, beaucoup de titres, non inscrits au dos des oeuvres, ont été malheureusement égarés, ce qui explique, en partie, la profusion d’annotations sans titre. Nous n’avons pas eu recours à l’annotation composition, cette appellation sans numérotation étant trop vague pour être considérée comme un titre. Des titres inscrits de la main de l’artiste sont souvent annotés au dos des oeuvres. Malheureusement, il nous a été impossible d’accéder à l’endos de toutes les oeuvres.
Fait inusité chez Riopelle, le titre, présenté souvent sous forme d’une phrase “explicative”, figure au recto sur la plupart des acryliques sur papier de la série des Ficelles de 1971-1972. Sans nul doute, pour une fois, Riopelle a-t-il jugé opportun d’expliquer avec des mots sa nouvelle démarche artistique afin de la rendre plus accessible à son public.

La datation
Considérant l’aspect atypique de certaines oeuvres, leur datation est approximative et porte la mention ” vers “. La datation de certaines oeuvres s’est également avérée extrêmement difficile, comme ce fut le cas pour des collages et des montages incluant des estampes rehaussées ou non. Pratique chère à Jean Paul Riopelle et qui touche plus de 70% de la production de certaines années. Technique que je qualifierais de réappropriation récurrente de ses propres images.

La technique et le support
Les oeuvres peintes à l’huile sont réalisées sur toile. Les supports utilisés sont rarement des panneaux de bois ou de contre-plaqué. Au cours d’un séjour de plus d’une année de l’artiste à East Hampton, en 1960, toute une série d’huiles sur toile s’est autodétruite, la qualité de la peinture n’étant pas compatible avec la technique de Riopelle.

Très peu de peintures réalisées à l’émail durant les toutes premières années ont résisté. Aucun document visuel n’a pu être retracé.

En plus des oeuvres réalisées à la peinture à l’huile ou à l’émail, nous retrouvons, au fil des différents tomes, l’utilisation de techniques aussi diverses que le graphite, l’encre, l’aquarelle, la gouache, le pastel, le pastel gras, le fusain, la sanguine, le feutre, l’acrylique et la bombe aérosol, le collage, les techniques mixtes, la pointe d’argent et les estampes rehaussées. Le support utilisé est le papier parfois imprimé, marouflé dans le cas des collages et des oeuvres de grandes dimensions. Nous avons aussi remarqué qu’un grand nombre d’oeuvres avaient été marouflées sans raison valable par des tiers après leur sortie des ateliers, ce qui a pour effet d’altérer, dans bien des cas, la qualité d’oeuvre sur papier.

Les sculptures ont été réalisées en terre glaise, faïence, grès et porcelaine, ou en plâtre – résultat de moulage d’oeuvres modelées en glaise -, en montage de chapes dans certains cas polychromes ou en bronze. Pour le tome 1, seuls trois documents photographiques pour trois sculptures réalisées en 1948, détruites depuis de manière naturelle, ont pu être retracés. Cette série comptait au plus une dizaine d’oeuvres de terre crue.

Les dimensions
Seul le système métrique est utilisé. Certaines oeuvres n’ayant pu être mesurées, faute de les avoir retracées, les dimensions portent la mention “(?)”. Éventuellement, des compléments d’information seront ajoutés dans les tomes suivants.

La signature
Les abréviations suivantes sont utilisées:

SBD pour signé en bas à droite;
SBG pour signé en bas à gauche;
SBM pour signé en bas au milieu;
SHD pour signé en haut à droite;
SHG pour signé en haut à gauche.
La signature peut être suivie, le cas échéant, de la date. Toutes les dates au recto ou au verso des oeuvres paraphées par Jean Paul Riopelle le sont par l’annotation des deux derniers chiffres, soit par exemple 44, 45, 46, 47, 48. Certaines oeuvres portent deux signatures au recto.
Parfois, dans le cas des huiles, la signature est gravée dans la pâte. Certaines oeuvres, généralement de petit format, ont été signées ” R “. Progressivement, la signature évolue de “Jean Paul Riopelle” à “J.P. Riopelle”, “JP Riopelle” et “Riopelle” vers 1952, jusqu’à ce que Riopelle utilise vers 1995 la signature “Jean Paul Riopelle” pour signer des œuvres réalisées antérieurement.

Il n’est pas rare que les oeuvres ne soient pas signées. Nombre d’entre elles ayant été signées plusieurs années après leur achèvement, la date de leur création ne peut donc être précisée à partir de l’analyse des signatures. On a également constaté que, sur plusieurs oeuvres authentiques non signées par Riopelle, sa signature fut ajoutée par la suite par des tiers, pour des raisons de mercantilisme. L’oeuvre est authentique, mais la signature a été contrefaite. On a pu observer aussi quelques signatures réalisées par l’artiste à la mine de plomb et rehaussées par des tiers à l’encre ou avec de la peinture, procédé qui masque malheureusement la signature originale.

Les collections publiques
Par souci de répondre au désir de confidentialité de la plupart des collectionneurs, nous ne citons que les collections publiques. La mention collection privée, même complétée par une mention de la localisation (ex.: “Collection privée, Paris”), ne constitue pas un élément informatif assez significatif à nos yeux pour qu’il vaille la peine d’en faire état.

La provenance
Nous indiquons seulement les noms des galeries d’art qui ont obtenu les oeuvres directement de l’artiste.

Les expositions
Il a été extrêmement difficile de retracer avec certitude les oeuvres présentées dans chacune des expositions étant donné l’absence d’archives d’atelier, la rareté relative de la documentation visuelle et l’absence des titres des oeuvres dans les catalogues d’expositions connus.

La bibliographie
Cette rubrique regroupe les références à l’oeuvre de Jean Paul Riopelle: livres, catalogues d’expositions, cartons d’invitation, revues, journaux, affiches et publications diverses.

Section reproduction en couleurs
La présentation des reproductions répond à des critères fondés sur l’esthétisme de l’oeuvre elle-même et l’harmonisation des présentations. Elle n’a rien à voir avec la chronologie des oeuvres.

D’ailleurs, à cet égard, il est regrettable que nous n’ayons pas eu accès à un certain nombre de documents photographiques de qualité suffisante pour qu’elles soient reproduites dans cette section.

Nous devons signaler qu’il a été impossible de réduire entièrement les reflets sur certaines reproductions sans altérer la lecture du document. Ces reflets sont en partie attribuables, sur les peintures à l’huile, à l’application intempestive de vernis. Cette pratique en modifie la perception des couleurs et nuit à la conservation des oeuvres. Elle va surtout à l’encontre des volontés de Jean Paul Riopelle, qui n’a jamais voulu utiliser cette technique incompatible avec ses critères esthétiques.

Les contrefaçons et attributions
La plupart des contrefaçons et des attributions sont tellement malhabiles qu’il est aisé, même pour un amateur, de les déceler. D’autant plus que certains indices – faux certificats d’authenticité, fausses étiquettes de galerie facilement identifiables et nombreux cachets inadéquats ou douteux – sont fournis parfois avec une profusion excessive et n’ont rien à voir avec l’aspect visuel de l’oeuvre proprement dite. De plus, elles ne tiennent pas compte de l’évolution du style et de la technique de l’artiste ni de ses changements d’habitudes. Une grande partie des oeuvres proposées en expertise sont des attributions à la manière de et, quelquefois, des contrefaçons et ce, de manière récurrente. Malheureusement, faute de législation en ce domaine au Canada, ces faux demeurent en circulation, ne pouvant être soustraits du marché sans la collaboration de leurs propriétaires.

La présentation électronique
Le CD-ROM a été conçu dans le but d’être un outil de référence et d’accessibilité complémentaire à l’ouvrage traditionnel. Principalement il reprend chaque fiche technique. Dans le but de permettre une lecture visuelle optimisée, un renvoi est indiqué vers la publication traditionnelle. La diversité des outils permet de retrouver une œuvre ou d’en regrouper plusieurs (par date, dimensions, expositions, publications importantes…). La possibilité est offerte au consultant d’imprimer la fiche complète de chaque œuvre.

Mise à jour
Les mises à jour seront proposées régulièrement sur le site. Elles comprendront les fiches des œuvres redécouvertes, les errata, les compléments d’informations recueillies au cour des plus récentes recherches, telles les informations bibliographiques et les expositions et en particulier postérieures à la publication de chaque tome correspondant.